Search form

Newsletters

La Corée en Afrique entre soft power et intérêts économiques

Françoise Nicolas | January 24, 2020

Les relations économiques entre la Corée et l’Afrique ont commencé à se développer à compter de 2006, année qui a marqué un tournant avec le lancement de l’année de l’amitié avec l’Afrique et l’Initiative coréenne pour le développement de l’Afrique. Aujourd’hui, bien que les flux d’aide coréenne à destination de l’Afrique soient en constante augmentation celle-ci reste un partenaire économique de second rang pour Séoul. Ni le commerce, ni les investissements directs étrangers (IDE) ne pèsent plus de 1,5 % du total du point de vue coréen. Les relations économiques entre la Corée et l’Afrique sont en outre concentrées sur un nombre limité de pays, mais les partenaires prioritaires de la politique de l’aide publique au développement (APD) ne sont pas les principaux partenaires commerciaux, ni les principaux destinataires des investissements coréens. Dès lors une explication mercantiliste de l’APD coréenne semble discutable. L’une des principales raisons de l’attractivité de l’Afrique pour la Corée est la détention de ressources naturelles (pétrolières, gazières et minières) et la structure des échanges entre les deux parties reflète des rapports de type Nord-Sud (matières premières contre produits manufacturés). En cela la Corée ne se démarque pas vraiment des autres pays industrialisés présents sur le continent africain. La Corée met largement en avant la singularité de sa trajectoire économique pour apparaître comme un partenaire différent, plus à même de contribuer au développement de ses partenaires africains, mais la réalité est tout autre. Tout d’abord, la singularité de l’économie coréenne tient aussi à l’héritage de l’État développeur, qui associe État et entreprises. Certaines pratiques héritées de cette époque demeurent très présentes, qui privilégient la défense des intérêts économiques nationaux. Il n’est pas sûr dans ces conditions que les retombées des interventions coréennes soient nécessairement bénéfiques pour les pays récipiendaires, dont les intérêts passent au second plan.