Les révolutions chinoise et iranienne à l’épreuve du Covid-19
L’objectif de cet article est de chercher à mettre en perspective les réactions de la République populaire de Chine et de la République islamique d’Iran face à la crise sanitaire provoquée par le nouveau coronavirus (Covid-19) avec l’histoire politique et moderne de ces pays, les modalités de leur construction étatique et de leur insertion dans l’ordre international. Régimes autoritaires dont la rhétorique et la légitimation se construisent autour d’une manière de nationalisme associée à une idéologie et une doctrine révolutionnaires, l’Iran et la Chine présentent des formes particulières d’articulation des rapports entre société, Etat ou régime et communauté internationale dominée par l’Occident. La crise1 du Covid-19 est venue opérer une fonction de révélation, voire d’exacerbation ou d’inhibition, en tout cas de modalisation de ces rapports. Le propos de ce Papier est de passer en revue la façon dont cela s’est produit, en introduisant dans la réflexion conduite une dimension théorique ayant trait aux relations internationales comme à la construction des Etats-nations modernes comme Etats sécuritaires, sanitaires et mercantiles. Un long détour historique et théorique et une approche multidisciplinaire nous semblent requis pour conduire l’analyse à son terme. Ils permettront de mettre en lumière un certain nombre d’articulations, de contradictions, de tensions, d’expérimentations et d’hésitations, de compositions, de décompositions et de recompositions, qui sous-tendent et structurent le jeu dialectique entre composantes de la société, Etat, ordre international, guerre, sécurité, santé et économie. En mobilisant ce biais théorique, que nous justifions : l’Etat administre des territoires et des masses biologiques dans une perspective qui est celle de mener la guerre sur différents fronts, et notamment militaire et économique.