Rétrospective Stratégique De La Menace Biologique A L’aune Des Incertitudes Post Covid-19
Les rumeurs autour de la pandémie Covid-19, partie de la Chine centrale en minovembre 2019, alimentent plusieurs fantasmes conspirationnistes. Il s’agit, notamment, d’hypothèse d’attaque biologique sur fond d’une guerre commerciale ou d’une fuite du pathogène SARS Co-V2 d’un programme biologique chinois. En marge de cette spirale, au demeurant spéculative, se réactualise le débat sur l’emploi des armes biologiques.
En fait, plusieurs germes pathogènes d’origine naturelle, génétiquement modifiés ou désormais synthétisés en laboratoires, peuvent être utilisés mortellement en tant qu’armes biologiques contre les êtres humains, les animaux ou la végétation, ainsi que pour la décomposition de certains matériaux. Ces germes peuvent être des virus, des bactéries ou des toxines. Les progrès scientifiques, notamment en génie génétique, nanotechnologie et bio-informatique, permettraient d’augmenter la létalité de ces armes biologiques et, corrélativement, leur utilité militaire en tant que moyens stratégiques de confrontation ou de terrorisme.
À ce titre, l’utilité militaire des armes biologiques relève aussi bien du niveau stratégique, impliquant la décision politique, que du niveau tactique, concernant le déroulement des opérations sur le champ de bataille. De surcroît, les armes biologiques peuvent s’adapter aux différents contextes. Elles peuvent servir comme moyen de dissuasion ou multiplicateur de puissance, dans un conflit ouvert, comme elles peuvent être employées insidieusement dans un conflit hybride, un attentat bio-terroriste ou un acte bio-criminel. Outre leur létalité épidémiologique très redoutée, les armes biologiques pourraient provoquer de graves conséquences politiques et socioéconomiques. Dans un autre registre, tout autant néfaste, la grippe ‘’espagnole’’ ayant sévi en Amérique, en Europe et en Asie entre 1919 et 1920, a fait entre 30 à 50 millions de morts. Actuellement, l’impact d’un mois de confinement à cause de la pandémie Covid-19 est estimé à environ 60 milliards € pour la France, soit une perte de 2,6 points de son PIB annuel, selon une note de l’Observatoire français des Conjonctures économiques (OFCE), publiée le 30 mars 2020.