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Add to Calendar 13/01/2015 09:30 13/01/2015 12:30 Africa/Casablanca Table ronde sur les ressources énergétiques et les enjeux de la gestion de leurs revenus 9:30 - 12:30, OCP Policy Center, Rabat OCP Policy Center a abrité le mardi 13 janvier 2015 une table ronde, organisée en collaboration avec l’IFRI, sur la thématique des « ressources énergétiques et les enjeux de la gestion de leurs revenus ». La table ronde a été composée de trois sessions de présentation de travaux de recherche, suivies d’un échange avec les participants. Not specified OCP Policy Center contact@ocppc.ma false DD/MM/YYYY
Tuesday, January 13, 2015 - 09:30 to 12:30

Table ronde sur les ressources énergétiques et les enjeux de la gestion de leurs revenus

9:30 - 12:30, OCP Policy Center, Rabat

OCP Policy Center a abrité le mardi 13 janvier 2015 une table ronde, organisée en collaboration avec l’IFRI, sur la thématique des « ressources énergétiques et les enjeux de la gestion de leurs revenus ». La table ronde a été composée de trois sessions de présentation de travaux de recherche, suivies d’un échange avec les participants.

La première intervention de la table ronde a été effectuée par Marie Claire Aoun, Directrice du centre Energie de l’IFRI, sur le thème « Les nouvelles tendances dans les stratégies d’investissement des fonds souverains : Quelles conséquences sur la gestion de la rente pétrolière ? »

Marie-Claire Aoun a présenté les résultats d’un travail de recherche qui porte sur la création des fonds souverains par de nombreux pays producteurs de pétrole et de gaz pour permettre une gestion optimale des rentes qui en découlent, surtout avec l’importance des ressources financières cumulées ces dernières années.

Elle a expliqué que le portefeuille des fonds souverains au niveau mondial est valorisé aujourd’hui à près de 7000 milliards de dollars, dont 60% sont des fonds alimentés par les ressources pétrolières et gazières. Elle a ajouté que d’autres fonds sont financés par un compte courant structurellement excédentaire, comme le fonds souverain chinois.

De nombreux pays exportateurs de pétrole ou de gaz ont mis en place des fonds de stabilisation dont l’objectif principal est de rompre avec la corrélation entre les dépenses publiques dont certaines rubriques paraissent incompressibles et les recettes fortement dépendantes de l’évolution des prix. Cette dimension contra-cyclique devient essentielle durant les périodes de baisse significative des cours sur les marchés internationaux. Ces fonds contribuent donc à réduire la volatilité et l’incertitude liée aux fluctuations des cours du pétrole. La stratégie de placement adoptée par ces fonds est essentiellement orientée vers des actifs sûrs et liquides. D’autres fonds souverains sont établis dans un objectif d’équité générationnelle. Ils constituent une épargne pour les générations à venir, placée sous forme d’actifs financiers pour des maturités à long terme. Pour les économies à compte courant durablement excédentaire, la gestion de leur fonds souverains s’inscrit dans une logique d’optimisation financière, en quête d’un retour sur investissement plus élevé. 

Ces dernières années, la dimension socio-économique est devenue plus importante dans le mandat de certains fonds souverains, qui ont introduit des objectifs de développement économique local. C’est le cas notamment des fonds africains qui représentent 2,2% de la valorisation globale des fonds souverains. La gestion de ce type de fonds est soumise à plusieurs défis liés notamment à la stratégie de coordination entre les acteurs institutionnels de développement social, l’Etat et le gestionnaire du fonds lui-même. De plus, dans certains cas, une forte intervention de la sphère politique risque de remettre en cause l’efficacité de la gestion de leurs investissements.

La crise financière de 2008 a marqué un tournant dans la stratégie d’allocation des actifs de ces fonds souverains, avec une orientation des investissements vers des secteurs n’ayant pas de dimension cyclique, notamment le secteur immobilier ou manufacturier au détriment des actifs financiers dont les cours sont plus erratiques. Sur le plan géographique, ces fonds ont démontré un intérêt croissant pour les économies émergentes après la crise. Cette tendance semble cependant s’essouffler depuis 2011, en raison d’une croissance économique plus ralentie dans les pays émergents.

Concernant l’efficacité de ces fonds à atteindre leur objectif, un recueil de bonnes pratiques a été élaboré par un groupe de travail intergouvernemental sous l’égide du FMI (Principes de Santiago). Ces principes sont liés au degré d’indépendance de ces fonds souverains par rapport au pouvoir politique, à la transparence de ces fonds en matière de gestion et de stratégie d’investissement ainsi qu’à la qualité de la gouvernance interne. La classification des fonds selon ces critères reflète une grande hétérogénéité entre les fonds souverains. Elle révèle que les fonds des pays du Golf ne sont que partiellement conformes à ces critères, alors que ceux des pays émergents ou développés, notamment du Canada, de la Norvège ou du Chili, semblent être plus en ligne avec ces principes de transparence et de bonne gouvernance.

Avec la baisse récente des cours pétroliers, la fonction de stabilisation macroéconomique redevient cruciale. La réussite d’un fonds souverain dans ce sens reste fortement conditionnée à la volonté politique et à l’existence d’un large accord parmi les entités politiques et économiques autour des objectifs du fonds.

La deuxième session de la table ronde a porté sur un sujet qui revêt une importance capitale aussi bien pour les pays exportateurs qu’importateurs du pétrole, à savoir la dynamique des prix pétroliers et son lien par rapport aux stratégies d’investissement, au comportement de stockage et rôle du hedging. La présentation a été assurée par Professeur Yves Jégourel, Maitre de conférences à l’Université de Bordeaux et Senior Fellow, OCP Policy Center. L’importance du sujet s’est reflétée dans l’intensité des débats et la multitude de questions et commentaires échangés lors de cette session.

L’axe de réflexion général de cette présentation a été la question de la gestion des revenus pétroliers. Yves Jégourel a, en effet, rappelé que plusieurs stratégies pouvaient, dans l’absolu, être poursuivies afin d’améliorer la gestion des recettes issues de l’exploitation des matières premières. Parmi celles-ci et de façon non-exhaustive : l’intégration en aval de la filière, le recours à des fonds souverains, la recherche d’une concurrence monopolistique sur le produit exploité, ou une tentative de régulation du marché par les volumes via une « cartellisation » de la production. De façon plus opérationnelle, la gestion des revenus pétroliers nécessite également, en amont, de réaliser des  investissements exploratoires et de développement optimaux, prenant notamment en compte le caractère irréversible de ces dépenses dans un contexte d’incertitude marquée sur l’évolution des prix. Il faut en outre mettre en œuvre des arbitrages permanents entre variation de la production et variation de stocks. La gestion des revenus pétroliers implique en outre de définir des politiques de hedging permettant pour le producteur de fixer ses prix et vente et pour le raffineur de bloquer ses marges.

Lors de sa présentation, Yves Jégourel a insisté sur le fait que parallèlement au niveau des prix pétroliers, leur volatilité constitue un facteur décisif dans les choix d’investissement des opérateurs du marché dans les capacités productives. En se basant sur cette logique, un report d’investissement en univers incertain peut être interprété non comme la conséquence d’une aversion au risque dans un univers incertain, mais comme le produit d’une optimisation inter-temporelle permettant d’obtenir des informations futures complémentaires afin de mieux appréhender la rentabilité du projet envisagé. 

En évoquant la théorie des options réelles, Yves Jégourel a montré qu’il existait une relation non-linéaire entre le niveau des prix et leur volatilité dans la mesure où le seuil des prix à partir duquel le projet d’extraction peut être engagé augmente de façon plus que proportionnelle avec le niveau de volatilité.

La présentation a par ailleurs abordé le point de la valorisation des matières premières en partant de la règle selon laquelle le prix des transactions au sein de la filière du secteur pétrolier peut toujours se décomposer en prix de référence et différentiel de prix. Ce dernier qui peut varier dans le temps, reflète en effet (i) les différences contractuelles propres au contrat par rapport aux conditions standards ; (ii) le degré d’élaboration du produit ou les différences intrinsèques de qualités par rapport au standard ; (iii) les pressions spécifiques qui s’exercent à ce niveau de la filière ou sur sa qualité.

Les discussions ont également porté sur les stratégies de cartellisation et la question de l’effet que pourrait exercer des groupes comme l’OPEP en matière d’orientation du marché du pétrole et de lissage des fluctuations des cours du baril.

Yves Jégourel a mis l’accent sur l’importance des stocks dans la détermination des prix sur le marché. Il a aussi montré que l’arbitrage variation de stock / variation de production peut être conditionné par la nature des chocs d’offre et de demande en termes de persistance (temporaire Vs permanent) et qu’il dépend de la structure de marché, c’est-à-dire du positionnement relatif des prix spot et des prix à terme.

Enfin, le dernier point discuté était lié au rôle de la spéculation sur les marchés à terme des matières premières, en particulier en termes d’apport de liquidité et de correction de l’asymétrie du hedging. « Lorsque la capacité financière des spéculateurs est contrainte, la demande de hedging provenant des producteurs a un impact dépressif plus important sur le niveau du prix des futures, conduisant à une réduction des profits et une diminution de leur valeur actionnariale à terme ».

La troisième intervention a été effectuée par Benjamin Augé, Chercheur associé au Centre Afrique et Energie de l’IFRI, sur le thème « Pétrole et gaz en Afrique de l’Est, quels enjeux et quel périmètre ? ». Elle a porté principalement sur les différentes découvertes du gaz et du pétrole réalisées en Afrique de l’Est, et les défis que ces réserves représentent pour les pays en question.

Les premières explorations de pétrole brut et de gaz en Afrique de l’Est remontent aux années 1950 mais sont rapidement abandonnées parce qu’elles sont trop peu importantes. Les cas du Soudan, de l’Ouganda, du Mozambique et de la Tanzanie en sont des exemples probants. A titre d’exemple, les premières découvertes significatives de pétrole au Soudan sont estimées à plusieurs milliards de barils. Elles ont été mises au jour dès 1978 par la compagnie américaine Chevron mais se sont subitement interrompues en 1992 en raison de l’enclavement de la zone d’une part, et de la guerre civile d’autre part.  Aussi, le Mozambique et la Tanzanie, connus depuis les années 1970 pour leurs réserves de gaz, n’ont cependant pas attiré l’attention des grands pétroliers avant la dernière décennie.

Les années 2000 ont vu l’émergence de l’Afrique de l’Est en tant que nouvelle région pétrolière et gazière d’envergure. Cette émergence a été favorisée par un contexte spécifique. En effet, la hausse des prix de pétrole à partir de 2003, a incité de nombreux pays à développer des ressources pétrolières et gazières connues depuis longtemps mais qui n’étaient pas rentables auparavant. La présentation a notamment abordée les cas de la Somalie, l’Ethiopie, l'Ouganda, le Kenya ou encore le Mozambique et la Tanzanie. L’ensemble de ces pays ont vu leurs activités exploratoires reprendre au milieu des années 2000, suite à la découverte de nouvelles réserves, mais avec des niveaux qui diffèrent d’un pays à l’autre. Le Mozambique en particulier a fait l’objet de découvertes de l’ordre de 140 à 180 trillions de pieds cubes, soit l’équivalent des réserves actuelles du Nigéria, qui possède les plus importantes du continent de l’Afrique. Cependant, le principal défi que doivent affronter les pays comme l’Ouganda et le Soudan du Sud est l’enclavement de leurs gisements et l’éloignement des côtes. Ils doivent donc trouver un moyen d’acheminer leur pétrole et gaz vers l’extérieur.

Le Soudan en revanche est un cas à part. Ravagé par les guerres civiles, en particulier après l’indépendance du Soudan du Sud en 2011, les tentatives d’exploration sont sans cesse interrompues. La production a d’ailleurs été arrêtée pendant toute l’année 2012, et est en baisse depuis un an.

Enfin, la France constitue également un acteur d’exploration au cœur de l’Afrique de l’Est, notamment à travers l’île française de Juan de Nova. Toutefois une ambiguïté caractérise cette île, située entre le Madagascar et le Mozambique, vu que ses frontières politiques ne sont pas clairement définies. 

Programme

09:30 - 09:40

Ouverture

Khalid BERRADI, Chief Operating Officer, OCP Policy Center

09:40 - 10:30

Les nouvelles tendances dans les stratégies d’investissement des fonds souverains : quelles conséquences sur la gestion de la rente pétrolière ?

Président

Yves JEGOUREL, Professeur, Université de Bordeaux; Senior Fellow, OCP Policy Center

Intervenant

Marie-Claire AOUN, Directrice du Centre Energie, Ifri

Présentation

10:30 - 11:15

Dynamique des prix pétroliers et gaziers, comportements de stockage et stratégies d’investissement : un état des lieux

Président

Karim EL MOKRI, Senior Economist, OCP Policy Center

Intervenant

Yves JEGOUREL, Professeur, Université de Bordeaux; Senior Fellow, OCP Policy Center

Présentation

11:45 - 12:30

Pétrole et gaz en Afrique de l’Est, quels enjeux et quel périmètre ?

Président

Mohamed CHAFIKI, Directeur des études et prévisions financières, Ministre de l’économie et des finances, Maroc

Intervenant

Benjamin AUGE, Chercheur associé, Centre Afrique, Ifri

 

About IFRI:

Founded in 1979 on the model of Anglo-Saxon think thanks, Ifri is the principal institution for independent research and debate in France that is dedicated to the analysis of international questions and global governance.

Ifri’s policy-oriented research strives to illuminate international events and put them in perspective. It is primarily useful for political and economic decision-makers as well as academics, opinion leaders, and civil society representatives.

More about IFRI on www.ifri.org

 

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About the Speakers :
  • Marie-Claire AOUN

    Marie-Claire Aoun a débuté sa carrière dans le secteur énergétique en 2004 en tant que chercheur au Centre de Géopolitique de l’Energie et des Matières Premières (CGEMP) de l’Université Paris Dauphine. Elle est titulaire d’un doctorat en Sciences Economiques de l’Université Paris Dauphine. Sa thèse, soutenue en mars 2008, portait sur l’impact de la rente pétrolière sur le développement économique des pays exportateurs de pétrole.

    Economiste à la Commission de Régulation de l’Energie entre juin 2008 et février 2014, elle a contribué aux travaux sur l’intégration des marchés du gaz en Europe dans le cadre des groupes de travail de l’Agence de Coopération des Régulateurs de l’Energie. Elle a notamment été impliquée dans les travaux sur les mécanismes d’allocation des capacités de transport de gaz, les investissements dans les infrastructures gazières, l’harmonisation des structures tarifaires de transport du gaz naturel et la gestion de la congestion dans les conduites européennes de transport de gaz. Marie-Claire Aoun participe également aux enseignements du Master « Energie-Finance-Carbone » de l’Université Paris-Dauphine.

    Axes de recherche : géopolitique de l’énergie, politique européenne de l’énergie et sur l’économie des marchés pétroliers et gaziers.

  • Benjamin AUGE

    Benjamin Augé est chercheur associé au programme Afrique depuis juin 2010. Docteur en géographie de l'Institut Français de géopolitique (université Paris 8), il est par ailleurs le rédacteur en chef de la lettre d'informations Africa Energy Intelligence (groupe Indigo Publications). Il est également intervenant à l'Ecole de Guerre, HEC, Sciences-­‐Po Paris ainsi qu'à l'Ecole nationale d'administration (ENA).

    Ses recherches se focalisent sur la gouvernance des secteurs pétrolier, gazier et électrique dans les pays africains. Benjamin Augé s'intéresse notamment aux conflits entre les différents acteurs (locaux, nationaux, internationaux) pour le contrôle des zones pétrolières ainsi qu'aux litiges frontaliers liés aux gisements pétroliers et gaziers. Outre le Nigeria, l'Angola, le Gabon et la République du Congo, il se focalise particulièrement sur les récents et futurs pays producteurs d'hydrocarbures comme le Soudan, le Tchad, la Mauritanie, l'Ouganda, le Ghana, le Mozambique et la Tanzanie. Sa thèse de doctorat a porté sur le thème de la production du  pétrole en zone de conflit: cas de l'Afrique médiane (Afrique des Grands Lacs et Afrique de l'Est).

    Axes de recherche : Pétrole, gaz, électricité, conflits de frontière liés aux hydrocarbures.

    Pays : Nigeria, Soudan, Mauritanie, Angola, Ouganda, République Démocratique du Congo, Ghana, Afrique du Sud.

  • Mohamed CHAFIKI

    Mohamed CHAFIKI est Directeur des études et des prévisions financières au Ministère de l’économie et des finances. Il fut chef de Cabinet de Fathallah Oualalou, ministre de l’Economie, des Finances, de la privatisation et du Tourisme entre 1998 et 2004.

    Depuis 1977, M. CHAFIKI est Professeur d’économie à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de l’Université Mohammed V à Rabat, ainsi que dans d’autres établissements d’enseignement supérieur. De la comptabilité nationale, au renouvellement des théories de développement, en passant par l’histoire économique et sociale, il enseigne différentes matières.

    Mohamed CHAFIKI est également membre fondateur du Centre pour l’intégration en Méditerranée lancé par la Banque Mondiale, conjointement avec la Banque européenne d’investissement, les gouvernements égyptien, français, jordanien, libanais, marocain, tunisien et la Ville de Marseille.

  • Karim EL MOKRI

    Senior Economist, OCP Policy Center, See more...

  • Yves JEGOUREL

    Professeur, Université de Bordeaux; Senior Fellow, OCP Policy Center, See more...